What So Not débarque dans les bacs

Après plusieurs collaborations avec des artistes de la scène électro internationale, What So Not sort son premier album Not All The Beautiful Things le 9 mars. Nous avons discuté musique, scène et influences derrière cet album lors de son passage à Paris. Par Aubane Lemaire.

« Je veux essayer de développer un monde entier dans lequel les gens pourront entrer »

C’est dans le 9ᵉ arrondissement, dans un hôtel typiquement parisien qui a accueilli des artistes comme Toulouse-Lautrec ou Louis Armstrong, que notre rencontre avec What So Not se déroule.

Le choc thermique entre Sydney, sa ville d’origine, et les zéro degrés parisiens est plutôt important, mais cela n’a pas entaché l’humour de What So Not, qui hésite à accepter son énième café de la journée en s’installant sur le canapé, avant finalement de conclure “après tout, on ne boit jamais trop de café !

What So Not, c’est le projet musical electro-dance de l’Australien Emoh Instead, anciennement en duo avec le producteur Flume. Pourquoi le terme “projet” ? Parce que pour Emoh Instead, cela va au-delà de la musique. “Je veux essayer de développer un monde entier dans lequel les gens pourront entrer quand ils assistent à un concert. Plus que simplement écrire et composer avec d’autres artistes, j’adore aussi créer la production de la scène et les visuels.” Il pense même créer une exposition qui mettrait à contribution tous les sens du corps humain.

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Rencontre avec Emoh Instead de What So Not / Crédits Aubane Lemaire

Un univers imagé et entièrement pensé

Et les visuels, que ce soit sur scène ou dans les clips, ont une grande part et un grand sens dans l’art de What So Not. Derrière son apparence décontractée, assis sur le canapé avec ses nombreuses tasses de café face à lui, tout est planifié dans son esprit. “J’écris les histoires des clips pour chaque chanson de l’album, et même pour certaines chansons qui n’y sont finalement pas,” dit-il avec un sourire. Mais loin de s’attribuer tous les mérites, il travaille constamment en collaboration avec des artistes et des réalisateurs qui donnent leur avis, proposent des idées pour arriver visuellement au résultat initialement imaginé. “Certaines idées ne peuvent pas fonctionner directement, mais on peut trouver une astuce technique pour contourner le problème, parfois en changeant le cadrage par exemple, ou en post-production.”

Le clip de Be Ok Again, en featuring avec Daniel Johns, montre bien cet esprit et ce jeu de cadrages. “La scène d’introduction où je suis dans l’océan est réelle. Les mecs avec qui je travaille m’ont envoyé là-bas et m’ont filmé en train de me prendre les vagues complètement habillé.” Puis les gros plans du visage de l’artiste ont un air dramatique, en noir et blanc, on le voit s’enfoncer dans l’eau. “J’ai voulu montrer la fin de certaines relations, où on a l’impression d’être dans un moment qui n’est pas vraiment la réalité, on a l’impression que tout s’écroule autour de nous et on ne comprend pas grand chose à ce qui se passe.

Mais le message, tout comme la réalisation de ces plans, ne sont pas si mélancoliques. Il s’agit en fait de réaliser que nous avons tout ce que nous pouvons désirer autour de nous et qu’il suffit de s’en rendre compte pour s’en sortir. Et pour ce clip, cela était assez simple puisque ces gros plans ont été filmés… dans une piscine gonflable pour enfant ! “Il faut juste se dire à un moment ‘oh en fait je ne suis pas perdu dans une vague immense de l’océan, je suis juste allongé dans cette petite piscine avec tous mes amis autour de moi, il faut que je me réveille et que je réalise ça !

Cette expérience était cependant nouvelle et assez excitante pour lui. Il avoue n’avoir jamais chanté lui-même avant cet album, et encore moins chanté devant une caméra. “Mais c’est toujours ce que j’ai adoré faire, des choses que je n’ai jamais faites avant, se lancer tête la première et essayer de s’en sortir comme on le peut !

La musique au prix de certains sacrifices

Nous dévions ensuite sur le côté musical du projet. La création de l’album en lui-même, et ce titre assez mystérieux, Not All The Beautiful Things. Tellement mystérieux et porteur d’un grand sens que What So Not lui-même cherche par où commencer pour nous l’expliquer. “Dans la vie on passe par de nombreuses phases, commence-t-il, beaucoup d’entre nous ont des grands buts du genre ‘dans dix ans, je serai là, j’aurai fait ça, j’aurai ce statut’, et parfois on pense tellement à ces buts qu’on en oublie toutes les choses fantastiques qui se passent autour de nous. On devient aveugle à ces choses parce qu’on ne regarde pas dans le présent, on regarde vers ce qu’on pense vouloir être.

What So Not pense que réussir à atteindre son but passe par plusieurs sacrifices, et il admet ne pas être une exception. En créant l’album, il passait plus de 14 heures par jour en studio, sortait parfois peu, a arrêté de boire et a changé la manière dont il se dépensait physiquement. “Donc le titre englobe un peu tout ça. C’est une sorte d’hommage à ces choses que l’on a oublié sur la route pour atteindre ce que l’on désirait.

Culture Frenzy - What So Not_Press Shot_2 (Credit_Luke Eblen)
Crédits Luke Eblen

Le besoin de créer ses propres sons

What So Not a commencé en 2011 avec des collaborations et du travail sur les titres d’autres artistes. Ce projet devenait un besoin pour lui qui cherchait des chansons à remixer et à utiliser en live, mais ne trouvait pas son bonheur dans l’électro-dance du moment. La solution ? Composer lui-même les sons qu’il recherchait. Ce premier album en 2018 paraît donc bien tardif, mais la préparation lui semblait nécessaire. “J’ai appris à devenir un compositeur, à travailler avec des musiciens très différents, et tout cela a fini par me faire comprendre que j’étais prêt pour me lancer dans un album.

La composition chez Emoh Instead est assez intuitive. Batteur de formation, et ayant même appartenu à un groupe de rock au lycée et puisé ses influences de Moby, Led Zeppelin ou Pink Floyd, il s’est découvert une passion pour la dance musique par la suite, et la composition est devenue un nouveau défi. “Vu que je ne joue pas d’un instrument mélodique à la base, ça peut être plus long que quelqu’un qui a l’habitude de cela. Mais la façon la plus simple de composer pour moi c’est de jouer quelque chose, mettre ma voix dessus, et ensuite d’improviser jusqu’à ce que je me dise « ça, ça sonne bien! ». Et parfois de ne pas avoir la même formation musicale qu’un autre, on arrive à un résultat qui sort de l’ordinaire.

Sur l’album, les collaborations sont nombreuses et variées : artistes de rap, rock, électro… Celle avec Toto est l’exemple parfait du mélange des genres entre rock et dance. Et là encore, c’est très intuitif : “La seule raison pour laquelle je collabore avec quelqu’un c’est que l’on a été en studio, on a fait quelques jams [ndlr : création spontanée d’une session musicale] et on s’est bien entendus, on avait une sorte de cohésion créative. Et c’est super de travailler avec des amis. Ce n’est pas comme si je produisais l’instrumental et que je l’envoyais à des managers qui me trouvaient une pop star célèbre pour chanter dessus. Ça reste très réel et naturel.” Peu importe les genres utilisés, le tout, c’est qu’ils fonctionnent ensemble dans le ton, les textes et la musique.

Not All The Beautiful Things est pensé comme un concept album, un album racontant une histoire à travers tous ses morceaux. D’ailleurs, What So Not refuse de ne donner qu’une seule chanson dont il est le plus fier. “Si j’avais voulu que les gens n’écoutent qu’une chanson par-ci par-là, j’aurais fait une chanson de 45 minutes !” Alors en l’écoutant, suivez ses conseils : installez-vous dans votre canapé et lancez l’album, écoutez-le comme une seule et grande histoire pour en capter la profondeur.

Not All The Beautiful Things sera disponible à partir du 9 mars 2018.

Retrouvez What So Not sur :

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twitter.com/whatsonot

Publié par

Aubane — 25 ans — Diplômée d'une licence de journalisme de la City, University of London. Actuellement en alternance au Dauphiné Libéré Annecy avec l'ESJ Pro de Montpellier.

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